Etat civil:Fils de Jacques LANNE |
Tous les documents concordent sur l’orthographe du nom. Il ne semble pas qu’il y ait à tenir compte de l’orthographe L’ANNE sous lequel il figure au Contrôle du Bataillon de la Guyane page 213 (Archives Colonies D2C139) et au Rôle des bas officiers des Troupes Nationales de Cayenne le 1er février 1785 (Arch. Col. D2C131) |
Et de Nicole DUPUIS |
Ce nom de DUPUIS est le plus probable; il figure sur tous les registres militaires où est inscrit André Marie LANNE. Toutefois, la copie de son acte de mariage délivrée par le Ministère des Colonies orthographie DUPIEN, ce même acte, délivré par la Mairie de la ville de Cayenne, orthographie DUPUIRE. |
Lieu de naissanceParis, paroisse de St Germain l’Auxerrois: |
Tous les contrôles qui font mention de son lieu de naissance concordent ; l’indication de la paroisse ne figure que sur le «Contrôle pour les six compagnies qui doivent former au Port Louis le dépôt des recrues et la légion de l’Isle de France». (Arch. Col. D2B16 p.321). |
Date de naissance:1756 à 1759 |
Cette date est assez imprécise. Son acte de décès en date du 1er mars 1808 indique seulement «âgé de 52 ans», donc né en 1756. cette même date figure sur le «Rôle contenant les signalements de cinq cent vingt et un hommes venus de France sur différents navires particuliers et sur la Corvette du Roi l’Hirondelle, débarqués à Caïenne le quinze juillet 1779 pour les troupes nationales de cette colonie. Lesquels ont été incorporés dans les compagnies ci-après……………compagnie de Mérey.» (Arch. Col. D2C135 p.66). Le «Contrôle du Bataillon de Guyane» (Arch. Col. D2C139 p.213) indique sa date de naissance comme étant 1757. Le «Contrôle des Troupes Nationales de Cayenne 1779-1785» pages 12 et 362 v° (Arch. Col. D2C134) indique 1758. enfin, le «Contrôle pour les six compagnies qui doivent former au Port Louis le dépôt des recrues et la légion de l’Isle de France» (Arch. Col. D2B16 p.321) indique qu’il serait arrivé au Port Louis le 21 septembre 1777 à l’âge de 18 ans, ce qui correspondrait à une date de naissance en 1759. Cette date paraît la plus vraisemblable. Les Archives de la Seine (Fichier) ne contiennent aucune indication sur sa naissance. Les archives de St Germain l’Auxerrois en particulier font défaut. |
Sa jeunesse |
Les renseignements nous manquent totalement à cet égard. Nous ne savons pas où il fut élevé ni les raisons pour lesquelles il s’engage à Rouen dans les troupes coloniales. Il fut dirigé sur Port Louis où il fut incorporé dans les compagnies formant le dépôt des recrues. Il ne semble pas qu’i ait cherché à aller en Guyane plutôt qu’ailleurs. Il paraît simplement avoir voulu partir pour les colonies. |
Son départ pour les colonies |
Le «Contrôle pour les six compagnies qui doivent former au Port Louis le dépôt des recrues et la Légion de l’Isle de France» (Arch. Col. D2B16 page 321) nous fait connaître qu’il fut embarqué le 23 janvier 1779 sur «l’Artésien» et débarqué le 27 avril de la même année. |
Embarquement sur le Chavigny |
Le même registre le porte embarqué le 20 mars 1779 sur le «Chavigny» mais la contradiction n’est qu’apparente, car la date du 27 avril pour le débarquement de l’Artésien signifie simplement que c’est à cette date qu’il a été rayé des registres de ce navire. Nous possédons tout le détail des troupes embarquées sur le «Chavigny» (Arch. Col. F5B 50), il emportait 2 compagnies d’infanterie : les compagnies de Beaubassin et de Mérey. André Marie Lanne appartenait à la compagnie de Mérey comme «appointé». il avait reçu 15£ 15 sols représentant 3 mois d’appointements d’avance à dater du 21 avril 1779, jour dd l’embarquement. En plus, il était alloué 8£ 15 sols pour les 45 jours de traversée à chacun des 206 bas officiers et soldats pour la nourriture. A cette époque, un grand nombre de recrues étaient envoyées en Guyane. Une lettre du ministre des Colonies adressée à M. de Fitz Maurice, gouverneur de la Guyane en date du 25 février 1787 (Arch. Col. D1 21 p.35) parle de «181 hommes ayant droit à leur congé d’ancienneté avant le 1er septembre 1787, ce qui provient du grand nombre de recrues passées en Guyane en 1779, ne les libérer que progressivement». La colonie était en 1778 «dans la plus grande détresse», ainsi qu’en fait foi une lettre adressée par le ministre à M. de la Porte (à Lorient ?) le 3 avril 1779 (Arch. Col. B165 p.188) lui enjoignant de faire charger, moitié sur le «Chavigny», moitié sur la corvette «L’Hirondelle» qui l’accompagnait, 150000 £ de monnaies destinées à la Guyane. La suite de la correspondance montre que l’ordre fut exécuté, la somme ayant été transformée en piastres. Le «Chavigny» avec son chargement d’hommes et de piastres arriva à Cayenne le 15 juillet 1779, data à laquelle André Marie est porté débarqué. (Arch. Col. D2C 135) |
Ses états de service |
Les engagements étaient contractés pour une durée de huit ans au moins. André Marie qui s’était engagé à Rouen en septembre 1777 (Arch. Col. D2B 16 p.321) était libérable fin 1785. En réalité, il fut libéré le 13 mars 1786. la pièce (Arch. Col. D2C 166) porte : «congédié par ancienneté depuis la dernière inspection le 1er septembre 1785». Nous avons vu qu’il avait été embarqué sur le «Chavigny» comme «appointé», il passa caporal le 16 décembre 1780 (Arch. Col. D2C 131 passim), sergent le 6 mars 1784 et fourrier le 1er avril 1784. il ne semble pas qu’il ait pros part à aucun engagement. Il appartient successivement aux compagnies de Beaubassin à Port Louis et à son arrivée, puis de Escoublant, de Mérey et de Trion. |
Son portrait physique |
Les rôles des troupes de Cayenne (Arch. Col. D2C 131, 135, 134) ainsi que le registre des recrues de Port Louis (Arch. Col. D2B16 p.321) nous donnent à plusieurs reprises son signalement : taille 5 pieds 4 lignes ou 5 pieds 6 lignes soit 1,66 m environ, cheveux châtain ou châtain brun, barbe châtain brun, yeux gris, bouche grande, visage ovale. Le contrôle du Bataillon de la Guyane (Arch. Col. D2C139 p. 213) porte qu’il était marqué au bout du nez d’un grain de petite vérole. |
Son portrait moral |
Sans pouvoir donner de grandes précisions nous pouvons dire qu’il avait un certain courage, car il en fallait pour s’engager dans les troupes coloniales ; ses notes le désignent comme un sujet « intelligent mais de peu de fermeté » (Arch. Col. D2C131) L’inspection du 1er février 1785 ajoute «écrivain» ce qui est naturel puisqu’il avait été nommé fourrier. Ceci dénote une certaine instruction, ce qui, joint au fait qu’il était porté «sans profession» sur les registres laisse penser que sa famille était assez aisée. |
Ses mariages :Avec Elisabeth Bâlé |
Le 13 mars 1786, il fut libéré et trouva assez vite un emploi, celui de Curateur aux Biens vacants qui lui permit de se marier. Le 22 avril, il épousait Jeanne Juliette Elisabeth Bâlé, fille de Pierre Louis Bâlé et de Jeanne Marie Querret son épouse, née à St Servan, paroisse de St Malo, le 20 mai 1762. Nous avons la trace de l'arrivée d'Elisabeth Bâlé à Cayenne (Arch. Col. F5B 8) sur le navire « Le Victor » le 4 décembre 1786, il portait : - Augustin Julien Henry Bâlé, père, officier de port à
Cayenne, Il semble bien, d’après les prénoms, qu’Augustin Julien Henry Bâlé n’était pas le père, mais probablement l’oncle d’Elisabeth. En tout cas, son père et sa mère étaient portés comme décédés tous deux sur son acte de mariage avec André Marie Lanne le 22 avril 1788. Le titre officiel d’Augustin Bâlé était celui d’aide de port ; les officiers du port de Cayenne étant (Arch. Col. C14 60 pages 101 v°, 208, 209, 281 v°) : - Un capitaine de port, payé 2400 £ La situation d’Augustin Bâlé était donc modeste, il était d’ailleurs porté comme débiteur du Roi au 1er janvier 1786 pour la somme de 180 £, mais il lui était dû (Arch. Col. D2D 6 p.147) la moitié de ses appointements du 1er juin 1784 au 1er mai 1785 à raison de 600 £ par an, soit 600 £. Il s’agit sans doute de la solde de congé, moitié de la solde coloniale. Le même document donne les listes de personnes à qui il était délivré des rations de bœuf, de lard salé, etc. du magasin général de la Colonie, signe que l’on vivait assez mal à cette époque (1782-1784). Nous pouvons penser, par contre, qu’Elisabeth Bâlé, sa nièce présumée, devait posséder la fortune de ses parents, ce qui expliquerait qu’André Marie Lanne, qui ne devait pas avoir amassé grand chose pendant la durée de son service militaire, ait fait figure de notable peu de temps après son mariage (voir plus loin). Pour revenir à Augustin Bâlé, la situation de la Colonie en 1787 par M. de Fitz Maurice, gouverneur de la Guyane (Arch. Col. C14 61 p.47 v°) donne une appréciation sur son compte : « officiers de port : ... 1 capitaine de port (le Sr Monach) ... 1 aide de port (le Sr Bâlé) nouvellement de retour de France ; c’est un ancien serviteur qui me parait exact. » Il s’en est fallu de peu qu’Elisabeth Bâlé n’épousât pas André Marie Lanne. Une dépêche ministérielle du 10 mai 1786 avait décidé la suppression de l’aide de port de Cayenne. En réponse à cette dépêche, MM de Fitz Maurice, gouverneur de la Guyane, et Lescallier, ordonnateur, écrivaient le 27 novembre 1786 dans une lettre au ministre au sujet des dépenses de la Colonie (Arch. Col C14 60 p.101 v° et pp. 208, 209) : « Officiers de port. Quoique vous ayez décidé la suppression de l’aide de port par votre susdite dépêche du 10 mai 1786, ce dont on n’était pas informé lors de la formation du projet de dépenses, on laissera subsister dans le projet ses appointements qui sont compris pour 1200 £ parce que le sieur Bâlé, aide port, qui était absent depuis longtemps, vient de nous revenir par vos ordres. » Un autre mémoire, non signé, sur les dépenses de la Colonie à la même époque (Arch. Col. C14 60 pp. 208, 209) indique ce qui suit : « L’aide de port dont la suppression avait été décidée par une dépêche de Monseigneur du 10 mai 1786 est revenu dans la Colonie à l’expiration du congé qui lui avait été accordé et a repris ses fonctions. » Augustin Bâlé resta donc à Cayenne, ce qui permit le mariage de sa nièce (?) Elisabeth avec André Marie Lanne. |
Mort d’Elisabeth Bâlé |
Ce mariage fut de courte durée car le 12 juin 1790, moins de 26 mois après, Elisabeth Bâlé mourait. Elle laissait un fils, André Marie Joseph Louis, né le 10 mai 1789. D’après une tradition conservée dans la famille et qui m’a été rapportée par notre cousin André Lanne, cette mort rapide fit penser à un empoisonnement. On en accusa un jeune nègre qui fut lynché, mais une vieille négresse se reconnut coupable du crime à son lit de mort. |
Second mariage d’André Marie Lanne |
Moins de cinq mois après le décès de sa première femme, André Marie se remariait avec Elisabeth Pauline Marot, veuve Le Bourg d’Argoitte, née à Cayenne, fille de Pierre Marot, chevalier de Saint Louis et d’Anne Brossard (Acte de mariage). Il y a lieu ici de remarquer la tendance d’André Marie à s’élever dans l’échelle sociale : matériellement en épousant une fille dotée d’une certaine fortune, Elisabeth Bâlé ; socialement en épousant ensuite la veuve d’un négociant ayant un nom, fille elle-même d’un chevalier de St Louis. Il avait eu soin d’avoir comme témoin à son premier mariage le capitaine Karuel de Mérey, un de ses anciens officiers. Il laissera la même tendance à son fils aîné qui fera inscrire sur l’acte de décès de son père la mention : «beau-père de la demoiselle Le Bourg d’Argoitte.» ! ! ! |
La révolution |
Les deux mariages d’André Marie Lanne encadrent le début de la révolution. Il ne parait pas en avoir souffert et elle semble avoir été pour lui une occasion de s’élever un peu, car en 1789, on le retrouve parmi les membres de l’Assemblée Coloniale (Arch. Col. D2 D6 p.163) : «Noms de messieurs les Députés à l’Assemblée Coloniale de la Guyane Française : Paroisse de Caienne, Nom : Lanne, Profession : Européen, propriétaire de maison, curateur aux biens vacants, receveur des répartitions et des affranchissements». le 27 fructidor an IV (13 septembre 1796), on retrouve André Marie Lanne s’embarquant à Rochefort (Arch. Col. F5 B55 N°3 Rochefort Marine 1749-1816 3ème feuillet). Il est porté comme propriétaire à Cayenne et comme étant débarqué à la Colonie (Cayenne) le 16 brumaire an V (7 novembre 1796). La frégate qui le portait, « La Vénus », transportait aussi un certain Louis Lebourg, également propriétaire à Cayenne. Etait-ce un parent du premier mari de sa seconde femme ? Qu’était venu faire André Marie en France ? Nous en sommes réduits aux suppositions. Peut-être revoir sa mère ? Ou recueillir un héritage ? |
Mort d’André Marie Lanne |
Nous n’avons plus d’autre indication sur lui jusqu’à sa mort survenue le 1er mars 1808 (son acte de décès). Il était arrivé 29 ans auparavant en Guyane comme simple soldat et laissait à sa mort une famille bien établie et considérée à Cayenne. Son fils aîné allait avoir 19 ans, il pouvait donc le continuer. |