John Churchill (24-12-1780 /7-9-1836)
J'avais lu il y a un certain temps un projet de lettre rédigé par notre grand-oncle Franck Churchill, cherchant à se renseigner sur les origines des Churchill depuis 1624 et plus particulièrement de son grand-père, notre arrière arrière-grand-père John Churchill, prisonnier en France des guerres napoléoniennes. Dans ce manuscrit il précisait qu'il était « officier de marine », qu'il avait pris part aux côtés de l'amiral Duckworth au combat des Dardanelles et que son père (Peter Churchill) était « gentleman-farmer ».
Ce projet rédigé en anglais était signé : John Lawrence Francis Churchill, count of the Holy Roman Empire. Sans doute Franck cherchait-il des preuves de noblesse qui l'auraient aidé dans ses démarches pour devenir chevalier de Malte et non pas seulement donat? Cette lettre a-t-elle été adressée à un cabinet de recherche et y a-t-il eu une réponse, je n'en sais rien mais notre curiosité a été piquée au vif par plusieurs détails. Aussi Odile et moi nous sommes nous embarqués dans une recherche qui nous a amenés à passer plusieurs journées au P.R.O. (Public Record Office), où sont rassemblées toutes les archives britanniques. C'est au bord de la Tamise, près de Londres, à Kew, dans de splendides bâtiments modernes. Nous nous sommes plongés dans les ordinateurs, les fichiers, les microfiches pour avoir entre les mains tous les registres des prisonniers de guerre britanniques en France entre 1802 et 1814, ce qui signifie parcourir 3 à 4 000 noms avant de trouver celui de John Churchill !
Le travail est loin d'être fini, mais nous voulions vous donner quelques nouvelles intérimaires et voici donc les premiers résultats :
- le comte Churchill se faisait des illusions ; son grand-père n'était pas du tout « officier de marine » mais plus simplement matelot. C'est sous ce titre qu'il apparaît en tout cas dans les entrées au dépôt d'Arras en 1808. Il est fait prisonnier le 8 avril 1808 venant du navire « Endymion1 » et arrive au dépôt d'Arras le 15 juin 18082. Il avait alors 27 ans.
Nous avons la photo de Sir John Duckworth mais pas celle de notre ancêtre. Nous connaissons le nom des commandants successifs de Endymion pendant le séjour à bord de John Churchill : c'est d'abord the Hon. Charles Paget (1778-1839)3, remplacé d'avril 1805 à fin 1806 par Edward Durnford King qui servit alors sous les ordres de l'amiral Collingwood autour de Cadiz et ensuite the Hon.Thomas Bladen Capel (1776-1853)4, au moment des Dardanelles . Nous savons aussi que le 26 février 1807 un jeune enseigne nommé Harwell et quatre « lads » qui étaient partis dans le canot de l'Endymion faire des provisions dans l'île grecque de Prota avaient été enlevés par les Turcs et emmenés à Constantinople, les Turcs refusant de les rendre. Ils avaient été finalement retrouvés à bord d'un navire turc capturé par les Russes. L'amiral russe les avait renvoyés à bord à Skiro. Nous recherchons maintenant l'histoire de l'Endymion pour retracer les aventures, les combats auxquels a participé John Churchill au cours de ces quatre ou cinq ans passés à bord et savoir dans quelles circonstance où il a été fait prisonnier.
Nous savons qu'il a embarqué sur l'Endymion le 1er octobre 1803 (il avait alors 22 ans) pour une durée de quatre ans, soit jusqu'au 30 septembre 1807, mais il est encore inscrit sur les rôles de l'équipage en mars-avril 1808 ; il avait peut être prolongé son engagement dans la marine ! Il figure sur les rôles comme « landman », ce qui peut se traduire par « matelot sans spécialité » par opposition à « ordinary seaman » et à « able seaman ». En temps de guerre la marine britannique recrutait dans les ports des jeunes gens et leur donnait un « bounty » (une prime)5.
Ces recrues (appelées landmen) venaient aider l'équipage dans toutes les tâches non spécialisées (tirer sur les cordages pour hisser les voiles, relever les ancres, apporter les munitions pour recharger les canons pendant les combats, nettoyer le pont et tous les locaux y compris les plus sales etc.) Sur le muster book6 » de l'Endymion il est indiqué que John Churchill a reçu un « bounty » de 1£10 (une livre dix shillings). Nous n'avons pas encore élucidé tous les termes sur le « muster book » qui le concernent. Sur les rôles à partir de novembre-décembre 1807 jusqu'à mai juin 1808 il est mentionné comme « captured » le 30 septembre 1807 avec comme indications 42 £ qui lui sont dues comme salaires. Huit autres personnes sont mentionnées comme lui « captured on 30/9/1807 »:
Ces neuf membres de l'équipage (y compris donc John Churchill) émargent comme surnuméraires en salaires et vivres jusqu'en juin 1808 et l'ordre est signé Thomas Bladen Capel, captain.
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Mais que s'est-il passé entre le 30 septembre 1807 et le 8 avril 1808, soit pendant six mois ? Examinons le trajet de l'Endymion et trouvons où se trouvait le navire le 30 septembre 1807. Les derniers renseignements trouvés dans les journaux de bord que nous avons analysé sont que du 5 au 13 septembre 1807 l'Endymion était à Messine ; il nous reste à trouver la suite. Auraient-ils étaient capturés sur les côtes d'Afrique du Nord par les barbaresques ou sur les côtes d'Espagne au cours d'une opération de reconnaissance ou de ravitaillement ? |
Comme vous vous en souvenez peut être, John Churchill se marie le 30 juin 18137 (il a 32 ans) à Cambrai avec Catherine Adélaïde Blin, âgée de 16 ans8, mais il est indiqué sur l'acte de mariage qu'il fait partie du dépôt de Cambrai. Entre le 15 juin 1808 et 30 juin 1813 il a donc été transféré du dépôt d'Arras à celui de Cambrai. Nous essaierons de trouver quand cela s'est produit. Il a donc dû connaître Catherine Blin au dépôt de Cambrai lorsqu'elle venait y travailler comme blanchisseuse.
Il était lui-même le troisième des cinq enfants de Peter Churchill (? /4-1-1789), menuisier, et Jenny Thomas (1753/1817) mais le seul avec sa sœur Elizabeth à survivre et à avoir une postérité
Nous ne savons pas où et quand est né Peter Churchill, sans doute entre 1736 et 1756, ni qui étaient ses parents.
Par contre son épouse Jenny Thomas était la fille de Peter Thomas, né à Melcombe Regis, et de Jane Squib dite Jenny, inhumée le 15 février 1796 à Preston. Peter Thomas avait un frère Richard junior qui était « mariner » ; ils étaient les fils de Richard Thomas senior. Nous connaissons plus les antécédents du coté Blin que du coté Churchill.
Catherine Adélaïde était la fille de Jacques Philippe Blin, cocher de fiacre (9-5-1774/ ?) et de Catherine Servier (? / ?). Jacques Philippe Blin était le fils de Jacques Joseph Blin (16-1-1744/29-1-1825) et de Catherine Lachapelle, décédée à Lieu St Amand. Jacques Joseph était le fils de François Joseph Blin et de Marie Françoise Bricout, tous deux décédés à Lieu St Amand. Elle avait au moins une sœur mariée à Jean Baptiste Avit, garde-champêtre à Cambrai, d'où deux enfants dont nous ignorons le sort et qui ont peut-être une postérité.
Moins d'un an après son mariage John Churchill est libéré des prisons françaises et embarque sur le HMS « Namur » le 6 mai 1814 comme « supernumerary seaman » et y reste jusqu'au 2 juin 1814, date à laquelle il est relevé de ses obligations militaires sur ordre du « Lord Commissioner of the Admiralty » comme suite à sa libération des prisons françaises et après avoir reçu la solde qui lui était due. Il est alors déclaré être âgé de 34 ans, taille 1,71 m de teint brun et cheveux bruns. Il aura donc passé un peu plus de six ans en captivité. Catherine Churchill a du se rendre en Angleterre à la fin de la guerre, sans doute en 1814. Ils se sont établis dans un premier temps sans doute à Melcombe Regis10 où naît cinq ans plus tard John Francis, leur seul et unique enfant, le 19 septembre 1819.
Quand sont-ils partis de Weymouth pour Jersey ? Entre 1820 et 1826.
Le 4 juillet 1827 devant Maître Godfray, notaire public par autorité royale à St Hélier, John Churchill donne procuration générale à son épouse Catherine Adélaïde et est déclaré domicilié à Saint Hélier. Cette procuration sera enregistrée à Saint Malo le 26 mars 1830. John Francis va aller d'abord a l'école de Mrs Denziloe à Saint-Hélier puis en France à Saint Servan, où sa mère demeure (selon un acte du 18 mai 1835 passé devant le notaire de Jersey pour permettre à Catherine Adélaïde de récupérer la somme de 500 francs que le sieur Dandin fils, négociant à Saint Malo lui doit). Elle fera la navette entre Jersey et Saint Malo jusqu'à la mort de John Churchill.
En 1836 les Churchill habitent Bath Street11 à Saint-Hélier et Catherine Churchill demeure au Trou en l'Air quand elle est à Saint Servan.
John Churchill est enterré le 7 septembre 1836 dans la paroisse de Saint Hélier (certificat par le révérend Thomas Orange, l'un des vicaires de la paroisse de St Hélier, en date du 14 octobre 1836). Il avait presque 56 ans et a du mourir subitement car nous ne trouvons pas trace dans la correspondance à cette époque qu'il fut malade. John Francis a alors 17 ans et sa mère trente neuf ans.
Comme Francis est encore mineur les biens sont constitués en « estate » et la gestion en est confiée à Mr Denziloe, comme « guardian » sous la surveillance d’ « electors ». Les Denziloe semblent avoir été très proches des Churchill. A la mort de M. Denziloe qui survient peu après c'est son fils Alfred Denziloe12 qui reprend le rôle de « guardian » jusqu'en septembre 1840 à la majorité de Francis.
Après la mort de son mari Catherine Churchill reçoit une pension13 du « board of custom » en tant que veuve de John Churchill, ce qui laisse supposer que John Churchill exerçait de son vivant quelques activités régulières pour le compte du « board of custom » qui justifiaient l'octroi de cette pension. Nous allons essayer d'en savoir plus s'il existe la liste du personnel employé par le « board of custom » à cette époque.
Catherine Churchill retourne à Jersey en mai 1840 et voit les comptes avec Alfred Denziloe chez Maître Godfray14. Elle parle d'une famille Degruchy et fait un tour au cimetière « voir les tombeaux de ceux qui autrefois je crois, me portait quelqueintérêt ». Elle habite alors à Jersey 3 Belmont Row, St Hélier.
En 1857 Catherine Churchill, qui louait depuis trois ans une maison sise à Paris, 29 avenue du Maine, fait l'acquisition d'une maison de campagne située à Saintry, près La Croix15..Avant 1854 elle habitait 5 rue Vavin-Bréa.
Catherine Churchill va vivre quarante deux ans après la mort de son mari et décède le 8 avril 1879 à Courbevoie à l’âge de 82 ans.
John « Francis » Churchill (19-9-1819/11-5-1905)
Tout jeune John Francis Churchill semble très doué et ses maîtres vont l'encourager à changer d'école pour pousser plus loin ses études.
Contrairement à ce qui est le cas pour son père nous disposons de beaucoup de documents, de lettres, de photos... presque trop puisqu'il faut les consulter, les classer et les trier pour en retirer l'essentiel.
Après avoir été en classe à Saint Servan au Collège Municipal de 1832 à 183516, il est en 1836 pensionnaire au collège royal de Rennes. Il obtient alors le grade de bachelier es lettres et de bachelier es sciences.
Sur un passeport britannique délivré le 3 septembre 1841, donc âgé de 22 ans, son signalement est taille 1,75 m, cheveux châtains, front haut, yeux gris, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage ovale.
Le 4 mars 1840 un arrêté du Ministre de L'Instruction Publique, M. Villemain, charge provisoirement M. Churchill, bachelier es lettres et es sciences, du second cours de langue anglaise au Collège Royal Henri IV.
En octobre 1840 il aide Le Dr Orfila (spécialiste en toxicologie) dans ses travaux de laboratoire sur la toxicité ; il est sans doute alors étudiant en médecine.
En mai 1841 il signe avec MM. Desobry & E. Magdeleine, libraires éditeurs, un traité pour la parution d'une « Grammaire complète de la Langue anglaise ».
Le 8 avril 1842 décision du Conseil Royal de l'Instruction Publique d'autoriser sa Grammaire pour les collèges et écoles primaires supérieures.
Le 25 octobre 1842 il passe le concours institué par le Ministre de l'Instruction Publique pour les places de professeur d’anglais dans les Collèges Royaux et est nommé le premier hors ligne des candidats reçus.
Le 7 juillet 1843 il passe son deuxième examen à la faculté de médecine.
Le 14 décembre 1844 il est nommé répétiteur du cours d'anglais créé à l'Ecole Royale Polytechnique par ordonnance du 30 octobre 184417, mais, précise-t-on, « toutefois Mr Churchill n'entrera en fonctions que lorsque les ressources du budget de l école permettront de subvenir à la dépense du traitement annuel de 2.000 Fr. attribué à son emploi ».
Mais le 31 octobre 1848 le général de brigade Poncelet, commandant l'École Polytechnique (qui n'est plus royale), lui annonce que par dépêche en date du 26 octobre le Ministre de la Guerre a supprimé le cours d'anglais18.
Le 1er octobre 1846, par arrêté du Ministre Secrétaire d'état au Département de l'Instruction Publique, Grand-maître de l'université de France, « M. Churchill, bachelier es lettres & bachelier es sciences & chargé de la Conférence de langue anglaise à l'Ecole Normale Supérieure est nommé Maître de la dite Conférence ». Il a alors 27 ans.
La révolution de 1848 éclate les 22, 23 et 24 février et Francis part en Angleterre où il va rejoindre le mouvement chartiste.
Ce mouvement débute en 1836 en Angleterre pour essayer d'établir une démocratie parlementaire et d'améliorer le sort des ouvriers ; la charte comprenait six points de base mais était assez utopique. La première pétition chartiste fut présentée le 7 mai 1839 à la Chambre des Communes et bien qu'elle fut signée par 1.280.000 noms elle fut rejetée par 235 votes contre 46. Une deuxième pétition rassemblant 3.250.000 noms fut présentée en mai 1842 et rejetée par 287 votes contre 47. La troisième pétition, qui nous intéresse, est organisée par Fergus O'Connor, leader des « Physical Force chartists » en opposition avec les « Moral Force chartists ». Le mouvement a été galvanisé par le succès de la révolution de 1848 qui vient d'avoir lieu en France. Un grand meeting est organisé le 10 avril à Kennington Common. Les jours précédents des conventions, des discours avaient lieu.
Francis part à Londres sans doute début avril 184819 et il écrit le 13 avril à sa mère « ....à propos de ce que vous dites au sujet des chartistes… je me contenterai d'observer que vous parlez de gens et de choses dont vous ne connaissez rien... et que je ne ferai jamais rien dont tout homme raisonnable, honnête et bien intentionné ne puisse être honteux, mais en même temps je me soucierai très peu des opinions et des calomnies des valets hypocrites... j 'ai l'intention de commencer quelques conférences et de publier des pamphlets, ce qui je crains va rapidement épuiser mes modestes fonds... », puis le 25 avril pour savoir si on a vraiment besoin de lui le 1er mai à l'école Polytechnique. Il ajoute : « Je fais ce que je crois être mon devoir et si les gens mis interprètent ma conduite et mes intentions je n 'y peux rien20 ... je ne peux pas revenir avant juin ; il faut donc voir si l'Ecole Polytechnique ne peut pas prendre un suppléant pour un mois, par exemple Sasse... Je vois un rapport selon lequel le gouvernement provisoire a l'intention d'adopter un plan très proche de ce que j avais proposé ; ainsi je n 'ai pas travaillé en vain». N'oublions pas que Francis Churchill a 28 ans et toute l'impétuosité de la jeunesse. Il continue en français « ...si je puis réussir ici, j’irai te voir dans une quinzaine de jours, si je ne réussis pas, tu me verras encore plus tôt puisqu'il me faudra partir faute de ressources, ce qui me contrariera beaucoup car je crois que nulle part je ne pourrais être aussi utile qu'ici, nulle part je ne pourrais remplir un rôle qui fut aussi honorable pour moi et par suite aussi pour ceux qui m’appartiennent et surtout pour ma bonne mère... »
Le mouvement va être sévèrement réprimé et de nombreuses arrestations, condamnations, bannissements prononcés. Beaucoup de chartistes décident d'émigrer aux Etats-Unis et se dirigeront vers San Francisco !
Francis rentre en France puisque le 23 août 1848 il présente et soutient sa thèse pour le doctorat en médecine « du traitement de la fièvre ou entéro-mésentérite typhoïde ». Il est reçu docteur en médecine de l'université de Paris le 27 novembre 1848. Il sera reçu le 25 juin 1853 docteur en médecine et chirurgie de l'Université Royale de la Havane (après examens passés devant un jury de 14 membres de la faculté de médecine et de chirurgie les 10 et 12 janvier 1853)21
Le 29 janvier 1849, avant de partir pour un voyage lointain, il fait un testament en faveur de sa mère.
Il s'embarque alors au Havre pour la Nouvelle Orléans le 4 février 1849. 02/10/04 Le 27 avril 1849 il embarque à New Orléans sur le schooner de 140 tonnes « Iona » commandé par le capitaine Leetch, pour Chagres (situé au détroit de Panama sur la mer des Antilles) en route pour San Francisco. Voici la description qui est faite de lui dans « The Great West » du 5 janvier 1850 :
« Nous avons un jeune médecin à bord, diplôme de Paris selon nos informations, anglais, chartiste, homme de contact agréable et de grande culture générale. Il a quitté l'Angleterre après l'échec des pétitions chartistes, et en conséquence de sa participation aux troubles de cette période. Il a été en France et s'y trouvait au moment de la révolution (de 1848) ; puis vint aux Etats-Unis, et est maintenant en route pour la Californie, pour y faire fortune. Avec lui se trouve un médecin allemand22, plus âgé que lui, avec une expression de bienveillance et de bonne nature qui ressort immanquablement de son visage souriant. Il ne parle absolument pas anglais, mais il l'apprend ainsi que l'espagnol en même temps ».
Le 23 août 1849 il est à Taboga (île près de Panama sur la cote du Pacifique) et le 18 septembre 1849 il arrive en El Dorado à San Francisco. Armé de son doctorat de médecine il loue une petite pièce et essaie de se constituer une clientèle. Il a tout juste trente ans. Fin novembre 1850 il arrive de Panama à Guayaquil en Équateur.
Il y est encore en juillet 1852.
Vers la mi-octobre 1852 John Francis arrive à La Havane, mais ce n'est qu'en juin de l'année suivante qu'il obtiendra après avoir fait légaliser son diplôme de Paris et repasser des examens son diplôme de l'université royale de La Havane lui permettant d'ouvrir un cabinet. Il rencontre Isabelle Jay chez le docteur de Grand-Boulogne.
J'emprunte ici la description qu'en fait Isabelle Churchill
dans ses mémoires : « Je restai avec ma soeur23
jusqu'à son complet rétablissement, puis nous allâmes à la campagne, chez une de
ses amies, veuve d'un français, Madame de Lens, où je la laissai pour aller
passer une quinzaine de jours à La Havane et attendre chez Madame de
Grand-Boulogne le retour de mon père. Je fis chez elle la connaissance de mon
mari et quoiqu'il fût anglais, protestant et médecin, trois qualités qu'à cette
époque de ma vie j'avais en antipathie, il me plut. Quand mon père revint des
États Unis dans la première quinzaine de novembre, mes fiançailles eurent lieu
et mon mariage fixé au mois de février suivant....
Francis Churchill arriva à Ste Rose à la fin de décembre et
je fus mariée le 24 février 1854 à quatre heures du matin dans le salon de Ste
Rose où l'on avait arrangé un autel... »
Le mariage est enregistré24 le 25 février 1854 à l'église paroissiale de Santa Catalina de Guaso. Francis a 34 ans et Isabelle 23 ans.
Marguerite « Isabelle » Jay était l'aînée des sept enfants de Laurent Jay (7-5-1800/7-10-1862) et de Marie Rose Estelle Savon (1810/23-2-1879). Elle était née le 13 mai 1830 à Guantanamo sur la plantation de cannes à sucre qui avait été créée par son grand père Jean Savon en 1803 lorsqu'il s'était réfugié à Cuba après la révolte des nègres de Saint Domingue.
John Francis et Isabelle auront six enfants mais l'aîné et le dernier mourront en bas âge:
Frank Paquito (1854/1855)
John Lawrence Francis dit « Franck » (1856/1900), comte du Saint Empire Romain, sans postérité.
Marguerite Isabelle Edith (1860/1927) qui épousera Denis Jacques Victor Dalbiez, d'où postérité Dalbiez et Delamare. Denis Dalbiez sera comte du Saint Empire et général de brigade.
Felix Victor Sidney (1861/1941), mon grand-père
Paul Ernest Alfred (1863/1932), qui épousera Marguerite Vidaillon, dont il n'aura qu'une fille Germaine Churchill, mère de la cousine Christiane Borocco.
Francis Albert Owen (1864/1865)
Francis décède à Hargeville le 11 mai 1905, âgé de 85 ans, Isabelle le 16 mai 1906 à Hargeville âgée de 76 ans.
La vie de Francis Churchill, inventeur des hypophosphites, ainsi que celle de Sidney Churchill feront l'objet d'une autre note.
1 Frégate de 40 canons dont la copie d’un tableau de National Maritime Museum la représentait en train de venir au secours en 1803 d'un navire de ligne français figure dans le dossier. Notre aïeul est sans doute à bord !
2 En même temps que cinq des huit « captured »: James Brown, Thomas Srill, John Martial, John Mitchell, Samuel Fowler (les mêmes à l'orthographe près de leur nom). Sont absents John Bingham peut-être interné avec les officiers, et Churchman et Starke
3 Qui deviendra Sir Charles Paget, G.C.H., vice-admiral of the white and commander-in-chief of the North America II and West Indian station
4 Il avait commandé la frégate Phoebe à la bataille de Trafalgar et sera en 1848 commander-in-chief at Portsmouth
5 A ce sujet j'ai découvert dans un article de la revue « The Greenwood Tree » qui est la revue généalogique du Dorset que l'écrivain Thomas Hardy avait dans son roman xxx décrit comment se passait « the enforcement ». Mais ce qui est intéressant c'est que la scène se passe en 1803 et que les noms imaginaires pris par l'auteur sont en fait le port de Weymouth et le village de Sutton Poyntz d'où il est issu!
6 Rôle d'équipage
7 Témoins au mariage: Henri WHITE, 25 ans et William HICKELS, 40 ans
8 Elle naît le 26 mars 1797 à Bouchain
9 John, Haner et Charles Burt nés entre 1821 et 1823
10 Melcombe Regis est situé au nord de Weymouth entre Weymouth et Sutton
11 Mais nous ne savons pas s'ils possédaient ou louaient une maison dans cette rue.
12 Nous avons toute la correspondance d'Alfred Denziloe avec Francis de 1836 à 1845.
13 Lettre d'Alfred Denziloe
14 Il y a encore 120 £ Jersey
15 Prix de vente : 7.000 francs, par contrat du 30 juin 1857 payé par M. François Antoine Nicolas, négociant, en sa qualité d'acquéreur de Mme Churchill
16 Avec ardeur, assiduité, succès et bonne conduite (en 1834 cinq premiers prix et la croix de vacances)
17 Signée par le duc de Dalmatie, président du conseil, ministre secrétaire d'état de la guerre
18 Il ajoute: « le corps enseignant dont vous avez fait partie pendant plusieurs années, et qui a été à même d'apprécier vos services, éprouve un vif regret que vous cessiez d'appartenir à l'Ecole Polytechnique »
19 Son premier voyage à Londres semble avoir été en septembre 1846.
20 Traduit de l'anglais, puisqu'il écrit en anglais à sa mère. Son premier voyage à Londres semble avoir été en septembre 1846.
21 Diplôme de « Inspeccion de Estudios de las islas de Cuba y de Puerto-Rico »
22 Il s'agit du Dr Kratochwil
23 Clara de Quintana
24 Après avoir reçu de Sa Seigneurie le Proviseur vicaire général de l'Archevêché une communication en date du 30 décembre 1853 autorisant M. Juan Francisco Churchill, d'outremer, aux fins de pouvoir contracter mariage avec Isabel Jay, valablement et licitement, sans publications préalables des trois bans prévus par le Saint Concile de Trente, conformément aux dispositions de Son Excellence le Très Révérend Archevêque Métropolitain, par communication du 18 février 1854, signée par l'abbé pro secrétaire de Chambre, après l'enquête extrajudiciaire d'usage, sans qu'il en ait résulté un empêchement.